Ouagalaisement vôtre!
Photo by Villedeouaga
Ouagadougou! J'aime cette ville! En y atterrissant, je sais , je sens que je suis chez moi. C'est ma ville natale , celle qui m'a vu grandir, celle que j'ai découvert à pied, à vélo, à moto et en voiture. Malgré le vent chaud qui me fouette le visage dès mes premiers pas sur le tarmac de l'aéroport, je suis contente d'être chez moi. Ce sentiment de joie, de confiance, d'assurance, de maîtrise de mon environnement, je ne l'ai qu'à Ouagadougou!
Ouagadougou est connue pour le FESPACO (Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou) et le SIAO (Salon International de l'artisanat de Ouagadougou) qui reçoivent à chaque édition des milliers de personnes. Mais il y a depuis quelques années toutes sortes de salons et de festivals, celui de la grillade, du rire, de la bière, des mangues, du porc, du chocolat... tout est mis à l'honneur. Mais je vais vous raconter Ouagadougou autrement.
Photo by bourse-des-voyages.com
Ouagadougou à beau changer en architecture, je m'y retrouve toujours. J'ai la chance de parler en plus du Français le mooré et le dioula donc où que je sois quand je me perds je demande mon chemin. J'aime me rendre dans les marchés pour découvrir les nouveaux produits mais surtout pour écouter les nouvelles théories sur la politique nationale et internationale, l'économie, le rôle de la femme, etc. Je vous assure que les analystes du marché pourraient sans nul doute recevoir des prix Nobel pour l'audace, l'originalité et souvent la clairvoyance de leurs analyses.
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Ouagadougou c'est aussi les poulets bicyclettes et la grillade! Il faut se le dire, outre ma famille et mes amis, je rentre aussi pour ça. Nous avons l'art et la manière de déguster le poulet et les autres grillades. Ça ne se fait pas n'importe comment. Pour sentir toute la saveur du poulet bicyclette il faut qu'il soit fraîchement tué, direct de la basse cour à l'assiette. Dans certains endroits vous avez même le privilège de choisir votre poulet qui est ensuite égorgé et flambé sous vos yeux. Écrit comme ça ça à l'air un peu cruel quand même, mais y a pas plus bio!
Photo by Fémin'in et Maman
Ensuite il faut s'installer sous un manguier, un nimmier ou une paillote, commander à boire et choisir en accompagnement soit du gonré (met local), du riz au soumbala fumant, des spaghettis au soumbala ( les italiens seraient bluffés) , des frites ou de l'alloco. Puis discuter de tout et de rien ou de sujets hautement pointus , c'est selon ce que l'on boit!
Il faut attendre 1h au lieu des 30 minutes promis par le kouassa (vendeur et/ou grilleur de viande) pour enfin être servis. Il faut maintenant se laver les mains et déguster son poulet flambé et fumant arrosé de vinaigre et de piment (pour les amateurs), tout en chassant ces impolies de mouches! Voilà comment se déguste un poulet bicyclette flambé digne de ce nom! La méthode vaut aussi pour le poulet au soumbala, au rabilé (levure de bière) ou à l'ail.
Ce que j'aime aussi à Ouagadougou c'est de savoir que je peux trouver ce que je veux en un rien de temps. Menuisier, plombier, couturier, artisans, bons restaurants, épices, nouvelle vendeuse de beignets ou de galettes de mil,... je peux les joindre ou m'y rendre juste par des indications plus ou moins claires.
Exemple clair: "Tu vois la nouvelle route qui quitte la zone du bois, qui traverse Charles de Gaulle et qui va à ZAD? Tu la prends tout droit , tu depasses les deux dos d'ânes et tu comptes, 1er , 2 ème feu et tu tournes à gauche, il y a deux dames qui vendent à manger, c'est pas la première, c'est pas bon chez elle, c'est la deuxième elle est en forme comme ça et de teint noir, sa fille s'appelle Sali. Ses karakoros et ses galettes sont trop bons! ". Voilà une indication! Comment se perdre après ça? Et quand c'est le cas tu n'as qu'à t'arrêter et dire que tu cherches la maman de Sali qui vend des galettes avant le feu, c'est tellement simple!
Ouagadougou c'est aussi la ville des insurgés, qui se croient toujours en pleine révolution contre tout et tout le monde. A l'instar de tout le pays nous apprenons la démocratie et surtout nos droits en oubliant souvent nos devoirs. Nous ne laissons plus passer la moindre faute politique ou sociale, nous avons notre avis sur tout et tout le monde. N'est pas insurgé qui veut!
La municipalité est obligée de mettre des agents et des policiers qui sifflent pour marquer l'arrêt au feu rouge malgré que celui ci soit en marche. S'il est en panne où qu'il y a coupure d'électricité tout le monde à la priorité pour le ouagalais, celui qui peut passe! Du coup quand y a un rond point on se bloque et chacun attend que l'autre bouge d'abord.
Quand il y a des taxis dans ce vacarme c'est une autre histoire. Et il faut croire que tous les taxismen africains et donc ouagalais ont le même code de la route. Ils signalent quand ils s'arrêtent où si vous avez de la chance 2 secondes avant de s'arrêter. A vous de les éviter au mieux. Et malgré tout ils sortiront la tête de leurs taxis verts pour vous crier dessus.
Photo by mondoblog.org
Les deux roues (motos et vélos) de Ouagadougou, qui se faufilent dangereusement entre les voitures et depuis quelques années les 3 roues qui, faute de réglementation claires, foutent un désordre inimaginable dans la circulation. Sans compter les charrettes tirées par les ânes... Mais j'aime ce chaos, cette folle et irritante ambiance!
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Ouagadougou c'est aussi les inondations après chaque pluie depuis quelques années. Pour une ville sèche du plateau central c'est quand même incroyable. Problème d'évacuation, de planification et d'indiscipline de certains commerçants qui ont construit leurs boutiques sur les caniveaux mais qui ont été déguerpis cette année. Il reste beaucoup à faire malgré tout.
Ouagadougou garde à certains endroits les stigmates de l'insurrection de 2014, du coup d'Etat de 2015 et de l'attentat de 2016. Ça fait beaucoup en 2 ans pour une capitale! Durs moments de notre histoire mais nous nous en remettons doucement.
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Concernant la salubrité, malgré toutes les sensibilisation certains persistent à jeter des ordures ça et là, mais ces braves femmes, embauchées par la municipalité, balaient dès l'aube les artères tous les jours pour garder la ville propre. Avant de jeter quoi que se soit pensez que ces femmes peuvent être vos mères. J'ai énormément d'admiration pour elles! Ouagadougou la belle tente donc de maintenir sa splendeur d'antan entre espoir et découragement face aux décisions politiques du moment.
Ouagadougou pour moi est une découverte à chaque voyage. J'apprends toujours quelque chose quand j'y retourne, sur les autres et sur moi même. Je croise toujours des personnes qui connaissent mes parents, mes frères et soeurs, mon époux ou mes amis. Où sinon qui connaissent le collègue de l'ami du mari de ma soeur. Le denier policier qui a contrôlé mon passeport avant l'embarquement pour mon voyage retour m'a demandé si je suis la petite soeur de Aziz? Parce qu'il connaît mes frères, mon père et qu'il a fait le lycée au Lycée de la Jeunesse... c'est ça être chez soi!
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Venez visiter Ouagadougou et le reste du Burkina, je vous promets que vous aimerez!
Tu me manques déjà Ouagadougou!
Tim , la ouagalaise!
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