Timworld, les aventures multiculturelles d'une jeune maman

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Éducation : chicoter a-t- il déjà rendu un enfant plus intelligent?

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       Les écoles du monde, expo.partage.org 

 

 

De mon CP au CE2 j'ai connu et subi la cravache de mon maître d'école. Est ce que cela m'a rendu plus intelligente ? Non! Au contraire, ça n'a fait que me rendre plus allergique à toutes sortes de violences.

 

Pendant ces 4 années ma moyenne variait entre 05 et 06/10. Pas terrible n'est ce pas ? Je suis la benjamine de ma famille et mes parents enseignants m'ont eu tard. Mon père avait 50 ans et ma mère 42 ans. J'avais entendu une théorie subjective à l'époque, je ne sais où d'ailleurs, qui disait que les enfants nés de parents âgés n'étaient pas “des lumières”. J'avais fini par y croire et je pense que mes parents ont aussi douté, à un moment, de mon intelligence. Vu mes résultats scolaires, je pouvais les comprendre. Mon père cachait même mes moyennes aux autres membres de la famille pour me préserver mais il se résignait peut être au fait que je ne sois qu'un enfant moyen.

 

Mon problème est que face à toutes sortes de violences (physique, verbale, morale) je me braque et je fais tout sauf ce qui m'est demandé. C'est ma manière à moi de résister et je l'ai développé très jeune. Suis-je têtue ? Peut être… En tout cas la menace et la violence ne m'incitent pas du tout à aller dans le sens voulu. Mais mon maître comme beaucoup d'autres pensait nous faire travailler avec sa cravache, sa chère chicote.

 

La remise en cause de l'enseignement dans les pays africains francophones fera l'objet d'un autre article. Parce qu'il y'a trop à dire. Nous avons calqué un système qui a, depuis lors, beaucoup évolué en terme de pédagogie, mais sans nous. Notre système laisse très peu de place à l'esprit critique et à l'imagination. J'imagine qu'un maître d'école qui le soit devenu par conviction, mais trop souvent par nécessité et par contrainte manque profondément de pédagogie. Que face à une centaine d'enfants, sous une paillote ou dans une classe délabrée, dans la chaleur, soit démuni et démotivé et n'est que sa cravache pour faire assimiler à ces enfants des leçons.

 

J’imagine que la frustration d'un enseignant qui, après de nombreux mois, affecté dans un village lointain sans salaire peut l'emmener à exprimer sa colère sur le dos et les membres de pauvres enfants qui ont marché des kilomètres sans parfois s'être lavés ou avoir mangé. Mais ça se passait aussi en ville dans des écoles privées. Toute cette bastonnade a peut être eu un impact positif sur certains mais pas sur moi. J'admire tous ces enseignants qui, dans ces mêmes conditions de travail, ont fait des miracles et ont inspiré des millions d'enfants.

 

Revenons à notre maître qui nous frappait avec sa chicote pour avoir bavardé, pas appris nos leçons, pas trouvé la bonne réponse, à cause d'une faute ou d'un mot de travers et parfois pour moi pour des raisons que j'ignorais complètement. Souvent même je connaissais mes leçons mais son regard dès que je trébuchais sur un mot me faisait oublier le reste de la leçon. Et il fallait que la leçon soit récitée à la virgule près, ce qui ne laissait aucune place à l'imagination. En général je comprenais la leçon et je pouvais l'expliquer avec mes propres mots mais ce n'étais surtout pas ce qui m'étais demandé. Nous allons à l'école pour apprendre, découvrir et comprendre pas tour être terrorisés, torturés et ôter en nous tout esprit créatif.

 

En son absence la classe était gérée par le ou la “chef de classe” et il fallait être dans leurs bonnes grâces pour éviter d'être sur cette liste, comme ce n'était pas mon cas et bien j'y étais souvent. Restons honnête, je reconnais que j'étais et reste très bavarde mais quand même ! Je n'étais peut être pas une élève idéale mais je ne pense pas avoir mérité tous ces coups. A son retour que tu es doublé, triplé ou pas ta tenue, la puissance de la frappe avec la cravache arrivait quand même à t'arracher un cri, cri qui devait être étouffé pour ne pas entraîner d'autres coups.

 

Par contre, les seules fois où j'étais épargnée c'était quand le maître absent nous confiait au maître de l'autre classe, la classe B. Celui là par contre frappait tout le monde sauf moi. Vous savez pourquoi !? Et bien il draguait l'amie d'une de mes soeurs et c'est moi qui envoyait et réceptionnais leurs lettres. L'amie en question habitait près de notre maison et dès que je rentrais à midi à la maison, j'enfourchais mon petit vélo pour aller livrer sa lettre et récupérer pour lui la réponse de la précédente. Mon père ne comprenais pas pourquoi j'aimais tant aller chez cette fille parfois même avant d'avoir mangé. Il ne savait pas que cette petite idylle sauvait mon corps de quelques traumatismes.

 

Un soir avant mon bain, ma grand-mère découvre avec effroi mon dos rougi et boursouflé à trois endroits différents. Trois grands traits verticaux qui traversaient mon dos. J'ai tout fait pour cacher les traces de cravaches jusqu'à ce jour mais elle les vit et décida d'en parler à mon père et je l'ai supplié en pleurs de ne rien dire parce que j'avais peur que cette dénonciation n'aggrave mon cas. Bien sûr elle le dit à mon père. Mais finalement mon salut est venu d'un accident. Et ouiii comme quoi d'un drame peut surgir le bonheur!

 

Mon père allait me déposer et me récupérer lui même à l'école. Quand il ne pouvait pas c'est de mes frères ou une de mes soeurs y allaient sinon c'était le garçon à tout faire qui allait me chercher avec la moto P50 de ma soeur. Il s'appelle Étienne. Deux fois en freinant brusquement devant la porte de la maison je suis tombée dans le caniveau ouvert. Mais la fois qui décida mon père c'était un jour où nous revenions de l'école, j'étais comme d'habitude dernière la moto, bien accrochée à ce monsieur, nous étions arrêtés au feu rouge et d'un coup je me suis retrouvée au sol avec la moto sur moi. Un chauffard dans la voiture derrière nous nous avait cogné et Étienne, avait sauté de la moto me laissant seule à mon sort. Le chauffard demande si je n'ai rien de cassé et il ajoute “mon fard est cassé et le votre aussi donc nous sommes quittes” et il est parti sans que Étienne ne dise mot. Heureusement je n’avais que le genoux fortement égratigné. La chute avait troué ma salopette en jean mais je n'ai ressenti la douleur qu'une fois le choc passé et notre “cogneur” parti.

 

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21/10/2016
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